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Les villes coloniales

On retrouve donc notre petite vie itinérante à 3: direction Potosi, où nous arrivons à la tombée de la nuit. Dès lors, la magie opère avec une animation débordante, des rues pavées pentues ainsi qu'une multitude d'anciennes demeures coloniales et d'églises éclairées du plus bel effet;

un air de la népalaise Bhaktapur que l'on avait adoré il y a quelques années…

Le même froid de canard, on se prendra d'ailleurs la neige et la grêle; normal, il s'agit de la ville de plus de 100 000 hab. la plus haute au monde (4100m)…en plein hiver…

 

Après Valparaiso, une autre ville coup de foudre: Potosi.

Il s'agit d'une ville au passé extrêmement riche, c'était la Londres ou le Paris de l'époque. C'est en fait de sa montagne adjacente, le cerro rico (=montagne riche) que ce sont faites les plus grandes puissances européennes, tout particulièrement la couronne espagnole...et le développement du capitalisme européen.

Une fois le sous-sol pillé de son argent, il ne restera plus beaucoup de richesse mais les plus beaux monuments baroques que l'on ait vu jusqu'alors dans le voyage (une petite remarque: la Bolivie est le pays le plus pauvre et le plus endetté d'Amérique latine malgré la réduction de sa dette par le FMI il y a une dizaine d'années…cherchez l'erreur).

Cette ville est une merveille, on y restera environ une semaine dans un hôtel de backpakers, et on traversera en long, large et travers le centre élargi de la ville,

à la recherche de ses plus beaux balcons ouvragés,

des plus belles façades,

des plus beaux détails,

et des plus beaux miradors.

La ville est populaire, facile à vivre comparativement à La Paz, bourrée de petites boutiques typiques de la mode bolivienne

avec par exemple le célèbre chapeau melon des cholitas,

ou bien encore le traditionnel tablier,

et ses marchés gigantesques.

 

Les visites les plus fameuses sont celles de la casa de la moneda, hôtel des monnaies datant du XVIIIème, célèbre entre autre pour son masque de Bacchus dessiné par le français Eugène Moulon et dont la signification est totalement inconnu.

Sans être numismatique, nous y verrons de belles pièces et, toute l'artillerie qui va avec, dont des coffres forts très vérouillables utilisés par les espagnols pour transporter leurs trésors,

ainsi que des peintures notamment "la virgen del cerro", peinture du XVIIIème anonyme (comme toutes les peintures indigènes à cause de l'analphabétisme) mixant le catholicisme avec sa vierge, le culte indigène avec sa pachamama (terre mère) et les mines de Potosi.

La seconde visite signifiable fut celle du couvent santa teresa, visite passionnante de par l'histoire du couvent (de l'ordre des carmélites) et par la richesse de ses ornements. Une vingtaine de filles de "très bonnes familles" arrivaient ici à l'âge de 15 ans pour ne plus jamais en sortir…même sous forme de cadavres…Des exemples:

-          le parloir,

-          les cheveux des jeunes filles rasées dès leurs arrivées et recouvrant dès lors les vierges,

-          la salle où l'on mangeait dans le silence pendant que l'une d'elle jeûnait et récitait des morceaux de la bible,

avec pour décoration centrale un crâne leurs rappelant que l'on redevient tous poussière (bon moyen pour un régime?).

 

On est toujours étonné par la surpuissance de l'église depuis le début de notre aventure;

l'évangélisation est des plus réussie

pourtant la représentation du Christ est des plus moches qui soit et bien loin d'un bien souriant et rondouillard Bouddha par exemple.

Effet direct de la politique anti contraception, mais que dit l'église de ce type d'affiche placardée devant les hôpitaux?

 

Revenons à nos pérégrinations: nous partons, sans trop y réfléchir car écrit dans nos sacro saints guides touristiques comme une expérience inoubliable, visiter une des mines coopératives du cerro. Erreur, dès les 1ères 5 minutes, accoutrés comme il se doit, appareil photo en main, nous le regrettons et voulons faire marche arrière: trop tard.

Dans cet enfer sous terre à l'atmosphère irrespirable, nous verrons travailler les mineurs dans des conditions inhumaines, des esclaves du XXIème siècle comme si le poids du passé continuait à les opprimer, des condamnés à mort souvent à peine jeunes adolescents...

Les chiffres sont atroces: ceux du passé (un génocide de 6 millions d'indiens et d'africains) et ceux actuels avec pratiquement 100% de morts par silicose ou par explosion de dynamite.

Pour aller dans ces trous, nous passerons par une agence: grande impression de voyeurisme, à vomir et à boycotter fortement!

Avant d'entrer, nous passerons par un marché afin d'offrir aux travailleurs feuilles de coca (un bon coupe-faim), alcool de canne à sucre à 96° (le temps passe plus vite), bâton de dynamite, cigarettes, gants…

Offrandes qu'ils acceptent volontiers et sans un sourire, mais comme on les comprend…

Après 2h passées là-dessous, et un passage par le "dieu-diable-pachamama" el tio à qui les mineurs font des offrandes pour obtenir protection et fortune,

nous ressortons de ce gouffre, amers de se sentir inhumains et impuissants…

Un tableau résume très bien la situation, celui de Huenka, 1970, intitulé Silicose:

 

Nous repartons donc de Potosi, que l'on n'oubliera pas, pour une autre ville coloniale, Sucre.

En chemin, on s'arrête aux termes de Tarapaya avec son eau chaude dans un cratère de volcan.

Le site est très inspirant, mais la température à 25-30° nous emballe peu avec ce vent glacial. Tant pis, on en fera d'autres!

 

Seulement environ 200 km séparent les villes, et l'on passe d'un 4100m froid à un 2800m très agréable, non sans échauffer les freins!

Programme des 1ers jours pour Jé: une petite révision de popo qui s'impose…

Programme des 1ers jours pour Cha et moi: mise à jour du blog et visite, avec notre habituelle poussette, de la ville accompagnée de Sandrine, la nouvelle grande copine de Cha, bruxelloise déjà rencontrée à Potosi et très sympathique qui voyage seule en Bolivie pendant 3 mois.

Nous resterons longtemps à Sucre et ses environs, une quinzaine de jours, ville toute blanche sans aucunement le charme de Potosi  mais où il fait bon flâner…

Ce sera surtout l'ambiance de l'hôtel où nous nous retrouverons et surtout d'excellentes rencontres et soirées qui feront la durée de notre séjour ici! En vrac, la rencontre de 2 toulousains, Bruno et Philippe, jeunes acquéreurs de motos boliviennes, celle d'Émilie et Xavier (http://dunboutalautre.uniterre.com/) parcourant un bout de ce monde en une année sabbatique (avec plaisir pour un tajine), celle de 2 frangines parisiennes Isabeau et Astrid (et d'excellentes parties de cartes), et celle d'Adam du Devon, jeune anglais prodige de la guitare…

Bref, ce sera avec une partie de ce comité que l'on fêtera les 3 ans de notre chachounette adorée, pour une fois pas malade (1er anniversaire de sa vie où elle n'avait pas 40 de fièvre). La journée du 26 juillet se déroula comme ceci: ouverture des cadeaux à même le lit,

suivie d'appels internationaux aux mamies/papis/tonton/tata et encore des cadeaux,

puis le meilleur resto de la ville, voire de Bolivie, el huerto, avec un poulpe pour Cha,

suivis d'une bonne sieste bien méritée et du plus beau mirador de la ville,

agrémenté d'un bon goûter gargantuesque,

puis de la fête à l'hôtel dans une très bonne ambiance,

et des cadeaux des nouveaux copains!

Une très bonne journée.

 

A Sucre, la plus belle visite culturelle est sans conteste le musée des arts indigènes qui fait la part belle à ce qui est bel et bien un art dans ce pays, l'art textile.

Nous découvrirons donc l'histoire de ses tissus et leur ahurissante complexité. Coup de cœur pour ce genre de tissu appelé tissu "jalqu'a",

C'est ce qui nous donnera envie d'aller faire un tour dans les communautés d'où sont originaires ces tissus. C'est ainsi que nous partirons en excursion organisée pendant 2 jours; effectivement, la route et surtout sa direction sont réputées des plus difficiles.

Le 1er jour, nous randonnerons sur un chemin fait par les incas, comme il en reste pas mal dans l'ouest bolivien.

Un bon dénivelé de descente (et heureusement!) dans un paysage aride, le 4X4 nous retrouve en bas et nous amène dans le village de Maragua, accessible par une route pourrie seulement en saison sèche vue la rivière qui la sépare du reste du monde le restant de l'année (et les boliviens n'ont toujours pas appris à construire des ponts ou n'ont pas compris l'intérêt de construire des ponts…). Nous nous baladerons dans le village, avec en particulier son école où nous assisterons au cours de sport.

Dodo dans des cabanes construites par les villageois et gérées à tour de rôle par chaque famille du village;

et c'est grâce à ce nouveau tourisme émergeant que le village a obtenu l'accès à l'électricité depuis…15 jours…

Le lendemain, une bonne randonnée toute la journée où nous admirerons la situation géographique du village situé dans un cratère,

formation géographique peut-être due à un météorite…

Nous traverserons des dégradés de vert calcaire et de rouge ferrique,

des villages encore plus coupés du monde où les enfants marchent 3-4 heures par jour pour se rendre à l'école.

D'ailleurs, à ce propos, les enfants vont à l'école depuis que Evo Morales a rendu le déjeuner gratuit, l'enfant à l'école est donc moins une charge pour les parents. Pas mal même si ce n'est pas la panacée.

Nous irons ainsi jusqu'à un mûr d'empreintes de dinosaures, sympa

accompagné de notre guide Juan Carlos, que l'on appréciera beaucoup.

Ce fût donc 2 jours champêtres très agréables.

 

Retour à notre QG, à Sucre, repos, préparatifs de nos futures expéditions, le marché

avec ses fruits qui me rappellent mon enfance (n'est-ce-pas Michèle?),

et ses excellents jus de fruits,

sa cantine…

Egalement sa fac de droit mythique, 2ème plus ancienne université du continent, où se formait l'élite colonialiste et aujourd'hui bastion du mouvement socialiste bolivien;

ses églises aux plafonds polychromes remarquables,

et détails baroques en feuilles dorées exquis;

ainsi que la découverte de Imana Garron, peintre de la ville (ici, Pain, 1956).

 

Nous irons aussi bivouaqué à côté de Tarabuco (ça faisait longtemps), un samedi soir,

histoire d'être aux premières loges pour le grand marché du dimanche avant l'invasion touristique.

Il s'agit d'un marché traditionnel haut en couleur,

où le plus intéressant pour nous, touristes, résidaient dans les costumes des boliviens.

Les femmes célibataires portaient des chapeaux pomponnés et perlés sur le côté ou derrière,

les femmes mariées le portaient devant,

les femmes âgées portaient une espèce de casque semblable à ceux des conquistadors,

comme les hommes qui portaient également de larges ponchos rouges et oranges ou violets et noirs,

Il s'agit d'un marché alimentaire,

vestimentaire,

où l'on pouvait trouver également tout ce qui fait la Bolivie: les offrandes à la Pachamama,

et les flûtes de pan et autres charangos en carapace de tatou typiques de la musique andine.

Nous assisterons à un mariage folklorique à l'église,

où le riz était remplacé par des confettis.

Encore une très bonne journée!

 

 



20/08/2010
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