huayna potosi, 6088m
Cela ressemblait plus à un match de DH (et oui, même les joueurs doivent s'acclimater…).
On déambule dans les rues de la capitale, sans but précis, si ce n'est de faire un peu d'exercice. Quelques bières et billards plus tard, nous sommes acclimatés, enfin, moi surtout…
Vendredi matin, jour J, nous partons enfin pour ce sommet vénéré qu'est le Huayna Potosi. Juancho, notre guide, dédie cette première journée à l'apprentissage du maniement du piolet et des crampons.
Après 3 heures, comme on aime ça et qu'on en redemande, on se fait des murs de glace à 90° (parfois plus).
Dur mais vraiment sympa. Xav se débrouille comme un pro (en vrai il est prof d'escalade, alors ça aide…).
Soirée au camp de base inférieur (4800m) où l'on s'enfile matés de coca sur matés de coca (encore pour cette foutue acclimatation). Nuit à 15 mecs dans la même salle (le bruit et l'odeur, le bruit du marteau piqueur…); on se dit que le vrai challenge n'est pas de monter cette montagne mais bel et bien de réussir à s'endormir!!
2ème jour, le plus tranquille, 2 heures de marche pour transférer nos gros sacs et tout le matos au camp de base supérieur, à 5130m. C'est parti!
Arrivée à midi; 12h01, Xav est au pieu et ne le quittera pas de la journée, sauf pour repeindre le minuscule cabanon qu'ils appellent toilettes (déjà pas jojo, mais après…).
Après-midi repos, je m'enfile une 10aine de matés de coca.
Repas servi à 17h… au menu, de la truite (cocasse à cette altitude), puis 1 maté et hop, dodo à 18h en prévision d'un lever à 1h du mat. Nuit difficile, plus due à l'altitude cette fois-ci.
3ème jour, le fameux "dia de la cumbre" dont Juancho nous parle depuis le début. Xav n'est pas flamme, blanc comme neige, il aura la bonne idée d'enfiler une parka bleue pour qu'on puisse le voir sur les photos. 1/2h pour s'habiller et s'équiper, p'tit dej (pas pour Xavier qui préfère le réconfort des toilettes à celui d'un maté bien chaud).
Armés de nos frontales, on attaque direct par un mur de glace à 60°, sur une 30aine de mètres, et déjà Xavier fait des pauses. D'ailleurs les pauses s'enchaînent plus vite que notre ascension… Il sait que si il abandonne, c'est la cordée entière qui redescend (c'est-à-dire Juancho et moi; enfin, surtout moi car notre guide y est déjà monté bien 300 fois, alors…). On le motive comme il se doit, encouragements, félicitations, tout y passe. Entre 2 nausées, on a droit à un timide "ça va" qui sonne aussi faux que quand je chante.
Dès 5400m, on aperçoit les lumières d'El Alto (environ 1 million d'habitants) sur l'altiplano, vraiment joli.
Pour compliquer la tache de Xav, pas mal de passages se font sur de la glace cristalline, très dure, où il faut pas mal d'énergie pour planter les crampons, quand ce n'est pas de jolies crevasses à enjamber ou contourner.
On croise des cordées qui redescendent, victimes de l'altitude… ça motive Xav plus que jamais (50% des cordées ne monteront pas au sommet). La 1ère récompense a lieu à 5900m, quand le soleil se lève sur les Yungas (contreforts amazoniens), recouverts de nuages.
Instant magique, et Xav fait ainsi sa première pause en regardant le paysage et non le sol. Je vous laisse imaginer la température à cette altitude, et les premiers rayons réchaufferont mon camarade frigorifié.
Encore quelques efforts, une dernière partie bien abrupte puis une crête vertigineuse (ah oui, en effet…)
Ca y est, après 5h1/2, nous y sommes à cette fameuse "cumbre".
6088m, une vue à 360° sur l'altiplano, le lac Titicaca, les Yungas, la cordillère Réal… magique, féerique, on scrute le ciel pour faire coucou à nos princesses qui arrivent aujourd'hui.
Un moment inoubliable, d'anthologie.
Xav en oublie même tous ses symptômes. On casse la croûte là-haut, enfin pas Xavier, faut pas déconner quand même.
Redescente rapide car désormais, un certain Xavier a rajouté à son stock de mésaventures un bon gros mal de tête (pas du tout pénible le gars!).
Une bonne soupe au camp de base inférieur, puis retour à l'inférieur pour un maté...non, une bonne bière fraîche pour Juancho et moi, un coca pour Xav qui va déjà beaucoup mieux; 2h plus tard, à La Paz, il n'a plus rien (je le soupçonne d'avoir fait tout ça pour ne pas avoir à porter de sacs…).
On conclura de cette superbe aventure que c'est grâce à un gros mental et une bonne dose de détermination que Xavier a pu faire la grimpette jusqu'en haut, et que le fait d'être encordés n'est pas seulement une image, mais une vraie entraide et fraternité nous ont liés tous les 3 pour atteindre le sommet. Encore un grand merci à Juancho et un grand bravo à Xavier.
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