De Bonito à Ilha Grande

Ecrit par Jé.

Nous voilà donc à nouveau sur la route, nous roulons et… réfléchissons… Il y a beaucoup de kilomètres pour aller à Cuiaba…puis Brasilia…puis Rio, etc… Il va nous falloir rouler des jours et des jours, une boucle d'environ 8000 bornes estimées. Grosse discussion, on pèse le pour et le contre, et après 40 km, notre décision est prise, on change de route, direction le sud et Iguaçu!!!!!!!!!

On y laissera popo pour quelques mois, pendant lesquels on visitera un petit bout de Brésil en bus et en avion (c'est quand même la taille de l'Europe!!).

Un vrai changement de voyage en perspective!

Nous roulons donc 2 jours pour faire les 800 km qui nous séparent des célèbres chutes.

Régulièrement le long de la route, des kilomètres de campements de ceux que l'on appelle "sans terre" qui occupe le lopin de terrain entre la route et les clôtures des énormes fazendas.

Au programme, restos "ao kilo" (buffet où l'assiette est payée en fonction de son poids), zone de camping gratuit

au bord du rio paraguay (ici, partie de pêche sous la pluie),

bivouac avec des routiers sympas dans une station essence, ambiance "on the road again".

Arrivé à Iguaçu, on s'installe au camping de l'auberge de jeunesse à l'ambiance colonie de vacances. Ciel gris, bruine, nous attendons 2 jours et un superbe ciel bleu pour aller voir ces fameuses chutes, coté brésilien.

On savait que c'était un lieu incontournable, beaucoup de routards rencontrés depuis un an nous en avez parlé, on s'attend donc à quelque chose de spectaculaire et ce sera vraiment spectaculaire!!

Une multitude de cascades, environ 200, étagées, d'une étendue folle (2,5 km), jusqu'à 72 m de haut; des cascades démesurées, comme si la nature avait voulue battre un record…

Les clichés de notre experte en photo, bien que très réussis, ne permettent pas de se rendre compte de l'immensité du site.

Mais ils témoigneront mieux que moi de la beauté du lieu, et j'arrête là mes hyperboles. Une plate-forme en bois permet même de marcher "dans" les chutes.

Intense,

inoubliable

et rafraîchissant.

Nous prenons notre temps, pour observer les nombreux papillons,

insectes,

lézards et même de gros iguanes de plus d'1 mètre.

Les coatis, beaucoup moins farouches qu'en Amazonie, essaieront même de chiper le sandwich de Chacha!

Non loin des chutes, le parc aux oiseaux permet une balade super sympa; quelques beaux spécimens de toucans, nous ne connaissions que celui au cou blanc.

Nous pouvons également observer les aras bleus, espèce en voie de disparition, de toute beauté.

Après avoir vu ces oiseaux de loin en liberté, dans le Pantanal notamment, on peut les détailler de très prés ici.

La serre aux colibris nous fera passer un autre bon moment.

Nous changeons de camping en vue de laisser popo quelques mois se reposer en toute tranquillité; nous le confions au camping international, très calme et serein.

Nous n'y croisons personne à part Stéphane, motard breton, en vadrouille depuis la Guyane pour une grosse boucle sur le continent sud-américain (http://lebretonstef.canalblog.com/). Pour ne rien gâcher, il est super sympa, on passera de bonnes journées en sa compagnie, à échanger adresses et autres tuyaux. On passe les quelques jours qui suivent à organiser la suite de notre futur voyage; achat des billets d'avion pour Sao Paulo, nouvel itinéraire…

Achat d'une belle bâche pour popo, et nous voici reparti pour de nouvelles aventures.

Arrivée à Sao Paulo, ville tentaculaire de plus de 20 millions d'habitants, soit la plus grande d'Amérique du Sud et 3^ème au monde.

Comme toute grande agglomération, la nuit, les quartiers ne sont pas des plus surs, à part 2 ou 3, là où les hôtels coûtent les yeux de la tête. Katia nous dégotera un Formule 1, super bien placé, quartier sympa (Consolacao), bus et métro. Pas très glamour il est vrai, 19 étages, mais propre et bon marché.

Première chose étonnante: le balai des hélicoptères qui sillonnent la ville. A croire que le SAMU est débordé dans le coin. En fait, nous apprendrons que Sao Paulo est la ville championne du monde de propriétaires richissimes de ces engins afin d'éviter embouteillages monstres et enlèvements…

A côté de ça:

Nous y restons une semaine, visite du centre-ville, vue sur cette incroyable foret de buildings

notamment depuis les tours Italia (la plus haute de la ville avec ses 41 étages)

et Banespa (sorte d'Empire State Building);

nous sillonnerons les rues en poussette, visite des principaux édifices architecturaux spécialement de l'édifice Copan de Niemeyer (qui fait beaucoup pensé à la cité radieuse),

églises, (ici, la statue qui a fait scandale d'une noire donnant le sein à un bébé blanc),

notamment la cathédrale.

C'est ici que nous assisterons à l'élection de Dilma, 1^ère femme présidente de la république, "successeuse" attitrée de Lula.

Mais il faut bien l'admettre, cette ville n'est pas un chef d'œuvre architectural…malgré ses nombreux espaces verts.

Nous aurons cependant un gros coup de cœur pour le MASP,

recelant quelques toiles des plus grands peintres mondiaux. Katia, comme à son habitude, tombe sous le charme de Vuillard, Modigliani et Bonnard.

Nous découvrirons également des artistes locaux, notamment Candido Portinari.

Autre bonne surprise, nous assistons à la biennale de Sao Paulo, un des plus grand évènement mondial d'art contemporain. Expo dans un bâtiment gigantesque (sorti une fois de plus du cerveau de Niemeyer).

Atypique, plaisant, fatiguant, mais vraiment incroyable.

Charlotte adore!

Un sacré délire, pas toujours forcément à notre goût, mais un délire artistique certainement.

3^ème session art, la visite de la pinacothèque dans le quartier de la Luz.

Et c'est dans cette superbe bâtisse restaurée

que Charlotte fera ses 1ers essais photos…

Concluant?

Une partie, le mémorial da libertade, retrace la "sale" époque de la dictature militaire, les détentions arbitraires, les exécutions sommaires des opposants au régime… (Ici, une cellule restaurée avec les noms gravés par d'anciens exécutés).

C'était il y a à peine plus de 30 ans…

Autre facette de cette ville que nous avons appréciée, la gastronomie. Excellente, que ce soit les restos italiens à Bella Vista, les restos plus chicos de Paulista, les gargotes (appelées lanchonettes) des quartiers populos, les restos à thème genre buffet-soupe jusqu'à 6h du mat…

Une expérience.

Dernier clin d'œil, c'est un peu le Marseille brésilien, la ville ayant reçue de nombreuses vagues d'immigration: italienne, portugaise, japonaise, etc… Une ville cosmopolite, où le brassage ethnique et culturel y est pour beaucoup dans sa réussite artistique et gastronomique. Nous visiterons ainsi le musée de l'immigration japonaise (Sao Paulo= 1^ère communauté japonaise hors Japon au monde), dans le quartier asiatique nommé Liberdade; très instructif.

Après cette escapade paulistane, nous partons en bus direction Paraty.

Une semaine de détente loin des avenues bruyantes et polluées.

Centre ville colonial portugais très bien préservé et restauré, offrant de magnifiques prises de vues à "mitraillette" (alias Katia, qui dégaine son appareil photo plus vite que son ombre),

surtout a marée haute, quand l'eau de mer s'engouffre dans les rues pavées (heureusement piétonnes!).

Les détails des différentes fenêtres, volets, portes, toits, lumières, balcons… confèrent au lieu un charme indéniable. Des exemples:

Encore un coin magique pour les gastronomes que nous sommes devenus (c'est fini la taille de guêpe post Bolivie, les bourrelets reviennent!). Ici, une crêpe brésilienne.

Nous louons les services d'un pécheur pour partir seuls naviguer vers des îles de rêves, des plages accessibles qu'en bateau,

on pense à Dan et Jaq (cf. île de Pâques) qui ont vraiment du se régaler en ces lieux.

Bateau rose bonbon, repas de gambas grillées les pieds dans le sable,

snorkeling et plongeons.

Il fait très chaud, heureusement une petite bonne femme a pensé à tout,

et c'est pas Charlotte qui va s'en plaindre.

Une journée de voyage comme on les aime: juste parfaite.

Nous en redemandons et filons 3 jours à Trindade, village à 30 km de Paraty, très peace and love, et connu pour avoir des plages parmi les plus belles du monde…

et on confirme malgré nos connaissances limitées; la praïa Brava, tout particulièrement car moins connue, moins accessible et conclusion, déserte…

Quel régal, végétation luxuriante ("mata atlantica", une foret endémique, exubérante, recouvrant le littoral sur quelques centaines de km).Ici, le jaquier et ses énormes fruits à éviter quand ça tombe!

Ce qui nous fait donc jungle, sable fin,

eau transparente verte ou bleue selon le soleil,

et pour couronner le tout des cours d'eau dessinant de véritables tableaux,

des multiples rivières et cascades se jetant dedans.

Certainement, le paradis.

De Paraty, nous partons vers un autre lieu célèbre pour sa magie, l'Ilha Grande.

Malheureusement, nous aurons bien moins de chance, 5 jours de pluie quasi non-stop…

les plages n'ont dès lors plus les mêmes couleurs que sur les cartes postales,

les chemins de rando deviennent glissants, on est plus proche du patinage que du trekking; heureusement, les racines des arbres nous servent de marche.

Et, l'eau que ce soit de la mer ou des rivières, froide!

Et, à voir l'exubérance de la nature, il doit bien pleuvoir pas mal dans le coin.

L'ancienne prison de l'île est d'ailleurs envahie d'herbes.

L'île est cependant vraiment belle, toujours cette "mata atlantica", on entend à notre plus grande surprise les singes hurleurs, les colibris sont innombrables,

et les insectes fantastiquement beaux.

C'est la 1^ère fois depuis le début de notre voyage que les conditions climatiques ne nous permettent pas de profiter pleinement d'un site. Et, les rares fois où le soleil apparaît, ça donne ça: